- il supprime les petits camps pour ne conserver que six d'entre eux, regroupant environ 3 500 détenus chacun, dont Dachau ;
- à partir de 1936, il étend le système concentrationnaire avec la création de Sachsenhausen, Buchenwald (1937), Flossenbürg (1938), complétés après l'Anschluss, par Mauthausen (1938), puis par le camp pour femmes de Ravensbrück en 193944 ;
- l'organisation et l'administration de tous les camps sont calquées sur le modèle mis en place à Dachau et, à l'exception de ce camp-modèle, tous les anciens camps sont fermés.
- Équivalent en France de général de corps d'armée.
- Des cercles locaux, qui revendiquaient la séparation du Palatinat d'avec la Bavière, sont instrumentalisés par la puissance occupante française, qui perçoit favorablement la revendication d'une séparation du Palatinat du Reich allemand.
- Équivalent de colonel en France, mais il s'agit ici d’un grade dans une police non officielle.
- Ministre de la Justice du à sa mort, le .
- Équivalent de général de brigade en France, mais il s'agit ici d’un grade dans la police SS.
- Équivalent en France de général de division, mais il s'agit ici d’un grade dans la police SS.
- Se prononce « Heuss » ; Rudolf Höss, commandant du camp d’Auschwitz, ne doit pas être confondu avec Rudolf Hess, accusé lors du principal procès de Nuremberg et désigné « le successeur du Führer », ceci jusqu'à son expédition en avion au Royaume-Uni en 1941.
- Équivalent en France de général d'armée.
- Équivalent de lieutenant en France.
- Knopp, p. 223.
- Weise 2013, p. 29.
- Weise 2013, p. 30.
- Weise 2013, p. 31.
- Scherzer 2014, p. 253.
- Weise 2013, p. 33.
- Weise 2013, p. 37-38.
- Weise 2013, p. 39-46.
- Weise 2013, p. 40.
- Weise 2013, p. 40-42.
- Weise 2013, p. 43-45.
- Weise 2013, p. 53-54.
- Weise 2013, p. 46-48.
- Weise 2013, p. 48-50.
- Weise 2013, p. 48-51.
- Weise 2013, p. 56-66.
- Weise 2013, p. 67.
- Weise 2013, p. 68, 73.
- Weise 2013, p. 75.
- Weise 2013, p. 77-79.
- (de) Stefan Jelic, « Uniformverbot, 1930-1932 » [archive], sur www.historisches-lexikon-bayerns.de (consulté le 10 mai 2019)
- Weise 2013, p. 77, 81.
- Weise 2013, p. 83.
- Weise 2013, p. 84-94.
- Weise 2013, p. 135.
- Weise 2013, p. 91, 102, 109, 117-119.
- Weise 2013, p. 92.
- Weise 2013, p. 121-127, 147.
- Weise 2013, p. 126, 129, 141.
- Tuchel 1991, p. 132.
- Tuchel 1991, p. 133.
- Wachsmann 2017, p. 82.
- Knopp, p. 65.
- Mayer, p. 153.
- Mayer, p. 372.
- Knopp, p. 64.
- Mayer, p. 196.
- Leleu, p. 212.
- Knopp, p. 76.
- Mayer, p. 172.
- Stein, p. 31.
- Sofsky, p. 46-47.
- Höhne 2001, p. 404–405.
- Sofsky, p. 48.
- Mayer, p. 186.
- Höss, p. 98.
- Höss, p. 107.
- Sofsky, p. 132.
- Kogon, p. À préciser.
- Leleu, p. 322.
- Leleu, p. 223.
- Leleu, p. 284.
- Mayer, p. 213.
- Knopp, p. 282.
- Knopp, p. 286.
- Sydnor, p. 61.
- Leleu, p. 380.
- Mayer, p. 249.
- Knopp, p. 292.
- Sydnor, p. 75.
- Sydnor, p. 65.
- Leleu, p. 463.
- Leleu, p. 431.
- Knopp, p. 294.
- Sydnor, p. 73.
- Leleu, p. 403.
- Höhne 1968, p. 222.
- Heinz Höhne, L’Ordre Noir : Histoire de la SS, Tournai, Casterman, .
- (en) Heinz Höhne, The Order of the Death’s Head: The Story of Hitler’s SS [« L’Ordre de la tête de mort : l'Histoire de la SS de Hitler »], New York, Penguin Press, (ISBN 978-0-14139-012-3).
- Rudolf Höss, Le commandant d'Auschwitz parle, Paris, La Découverte, (ISBN 2-707-14499-1).
- Guido Knopp, Jens Afflerbach, Stefan Brauburger, Christian Deick et al. (trad. Danièle Darneau), Les SS un avertissement de l'Histoire [« Die SS »], Paris, Presses de la Cité, coll. « Document », , 439 p. (ISBN 978-2-258-06417-1).
- Eugen Kogon, L'État SS : le système des camps de concentration allemands, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points Politiques », , 380 p. (ISBN 978-2-020-00338-4).
- Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS : soldats politiques en guerre, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-02488-8).
- Arno Mayer (trad. Marie-Gabrielle et Jeannie Carlier, préf. Pierre Vidal-Naquet), La "Solution finale" dans l'histoire, Paris, Éditions La Découverte, coll. « Textes à l'appui », , 566 p. (ISBN 978-2-707-11962-9), p. 153.
- (de) Veit Scherzer, Himmlers militärische Elite : Die höchst dekorierten Angehörigen der Waffen-SS. Eine Auswertung nach den Akten des Bundesarchivs und des National Archive der USA, Bayreuth, Verlag Veit Scherzer, , 612 p. (ISBN 978-3-938845-26-4)
- Wolfgang Sofsky, L'organisation de la terreur, Paris, Calmann-Lévy, .
- George H. Stein, Histoire de la Waffen-SS, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Le Livre de Poche » (no 5003), (ISBN 978-2-253-01763-9).
- Charles W. Sydnor, « La division SS Totenkopf », Revue d'histoire de la seconde guerre mondiale, Paris, PUF, no 98, .
- (de) Charles W. Sydnor, Soldaten des Todes : Die 3. SS-Division „Totenkopf“ 1933-1945, Paderborn, Schöningh, , 320 p. (ISBN 3506790846)
- (de) Johannes Tuchel, Konzentrationslager : Organisationsgeschichte und Funktion der „Inspektion der Konzentrationslager“ 1934–1938, Boppard am Rhein, Harald Boldt Verlag, (ISBN 3-7646-1902-3)
- Nikolaus Wachsmann, KL. Une histoire des camps de concentration nazis, Paris, Gallimard, coll. « NRF essais », , 1159 p. (ISBN 978-2-07-077302-2).
- (de) Niels Weise, Eicke : Eine SS-Karriere zwischen Nervenklinik, KZ-System und Waffen-SS, Verlag Ferdinand Schöningh GmbH, , 456 p. (ISBN 350677705X)
Theodor Eicke | ||
Eicke en 1942. | ||
Surnom | Papa Eicke | |
---|---|---|
Naissance | Hudingen, Reichsland Elsaß-Lothringen |
|
Décès | (à 50 ans) près de Artelnoje, Ukraine Mort au combat |
|
Origine | Allemagne | |
Allégeance | Empire allemand Reich allemand |
|
Arme | Deutsches Reichsheer (1909-1918) Sturmabteilung (1928-1930) Schutzstaffel (1930-1939) Waffen-SS (1939-1943) |
|
Grade | SS-Obergruppenführer | |
Années de service | 1909-1943 | |
Commandement | Division SS « Totenkopf » | |
Conflits | Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale |
|
Distinctions | Croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne | |
Autres fonctions | Inspecteur des camps de concentration | |
modifier |
Il est notamment connu pour avoir participé à l’assassinat d’Ernst Röhm au cours de la nuit des Longs Couteaux à la fin du mois de . Peu après, il est nommé inspecteur des camps de concentration et commandant des unités « Totenkopf », fonctions qui lui donnent un rôle majeur dans la création et l’organisation des camps de concentration.
Il prend le commandement de division SS « Totenkopf » de la Waffen-SS au début de la seconde guerre mondiale et l'exerce jusqu'à sa mort au cours d’une opération de reconnaissance aérienne sur le front de l'Est.
Sommaire
Les années de jeunesse
Première guerre mondiale
Après avoir quitté l'école sans brevet de fin d'études, il s'engage avant ses 17 ans comme volontaire dans le 23e régiment d'infanterie bavarois4. Plus tard, lors de la Première Guerre mondiale, il est l'officier payeur en second du 3e puis, en 1916, du 22e régiment d'infanterie bavarois5, et n'atteint donc pas le statut d'officier6. Il épouse Bertha Schwebel à l'hiver 1914. Theodor Eicke indique avoir quitté volontairement l'armée en avril 1919, après les révoltes de janvier5, mais il a été plus vraisemblablement licencié, en raison de la réduction des effectifs de l'armée7.Décoré de la croix de fer, Theodor Eicke commence des études de technicien supérieur à Ilmenau, ville natale de son épouse, mais les abandonne en 1920 en raison de son faible niveau scolaire, avec l'intention de faire carrière dans la police8.
Carrière dans la police
Il suit en 1920, pendant trois mois, les cours de l'école de police de Cottbus, puis intègre en 1921 la Schutzpolizei de Weimar, dont il est exclu après deux semaines. Il obtient à l'automne 1921 un stage de milicien supplétif dans la petite ville de Sorau, alors allemande, mais déménage à Ludwigshafen, où il travaille à la Schutzpolizei de la ville jusqu'en 11. Le Palatinat rhénan est alors une région industrielle parcourue de fortes tensions sociales, comme de séparatismeb,12. Ludwigshafen appartient alors à la zone d'occupation française, où la police allemande dépend presque absolument des ordres des autorités françaises. Dans ce contexte, tout à fait nouveau pour lui, le policier Theodor Eicke renforce son rejet de l'occupation étrangère, et sa haine des communistes, notamment lors des grandes manifestations qui suivent l'assassinat de Walther Rathenau, en . Il semble montrer dans son travail plus de pragmatisme que de conscience professionnelle, et renonce progressivement à faire carrière dans la police13.
BASF et IG Farben
Le site industriel de Ludwigshafen a connu en ce qui est alors le plus grave accident industriel de l'histoire de l'Allemagne, l'explosion d'Oppau, lors de laquelle 560 ouvriers de l'usine BASF sont tués. Les usines sont occupées par les Français en 1923, et les ouvriers, majoritairement communistes, pratiquent pendant cet épisode la résistance passive. La crise économique entraîne le licenciement d'un tiers des 21 000 ouvriers de Ludwigshafen entre 1922 et 1925. En 1924, le passage à la journée de neuf heures sans compensation de salaire suscite une grève massive15.
Dans ce contexte, l'activité précise d'Eicke reste mal connue : il fait partie des « officiers de BASF », un groupe d'anciens officiers affectés par l'entreprise à des postes de surveillance. Les communistes lui reprochent alors fréquemment d'être le « chien de garde » de l'industrie, particulièrement lors des grèves et mouvements sociaux. Cependant, Eicke lui-même décrira plus tard son rôle comme celui d'un défenseur de l'intérêt national, menacé d'abord par l'espionnage industriel, tant soviétique que français, ensuite par le séparatisme, violemment combattu par le parti nazi dans le Palatinat12, et passera sous silence le contexte social particulier de ces années à BASF15.
1928-1933
Parti nazi, SA et SS au Palatinat rhénan
Articles détaillés : NSDAP, Sturmabteilung et Schutzstaffel.
En , Eicke s'inscrit à la fois au parti nazi et dans la Sturmabteilung
(SA). L'occupation française de la Ruhr et les tentations séparatistes
au Palatinat ont contribué à un essor plus rapide du parti nazi dans la
région que dans l'ensemble du Reich, et lorsque Eicke organise en 1929
dans les locaux de l'IG Farben une journée de promotion du parti, il
sait pouvoir compter sur le soutien de plusieurs cadres de l'entreprise.
La date de son adhésion au parti ne fait de lui ni un nazi de la
première heure, ni un pur opportuniste16.
Il reçoit l'ordre de quitter la SA pour rejoindre la SS, ce qu'il fait en 17. Il dépasse certes de trois années la limite d'âge pour entrer dans la SS, fixée à 35 ans, mais son origine et sa formation font de lui un représentant typique du corps des SS18. La SS du Palatinat, alors très mal organisée, est éprouvée par de fréquents conflits, tant internes qu'avec la SA locale19. Eicke, également très critique envers son supérieur Fritz Berni, crée les sections locales de la SS à Ludwigshafen, Grünstadt et Frankenthal et est promu Sturmbannführer20.
Affaire des explosifs de Pirmasens
Fin , Eicke reçoit du Standartenführerc Fritz Berni l'ordre, qui émane vraisemblablement du Gauleiter Josef Bürckel25, de fabriquer des explosifs. Le matériel nécessaire provient en partie de l'entreprise IG-Farben de Ludfwigshafen. En , Berni emporte la moitié des explosifs à Pirmasens, mais certains de ses ennemis à l'intérieur du parti l'apprennent. Il est donc provisoirement exclu de la SS et du parti le , car la fabrication d'explosifs entrait en contradiction avec la stratégie de conquête légale du pouvoir. Dans un premier temps, Eicke tire avantage de la situation : il est promu par Heinrich Himmler Standartenführer,en 23, et prend ainsi en la direction de la 10e SS-Standarte26, composée d'environ 900 hommes23.En perquisitionnant le domicile d'Eicke, la police de Ludwigshafen retrouve le une partie des explosifs ainsi que la liste des membres de son unité. Eicke est licencié par I.G. Farben. Jugé en à Pirmasens pour infraction à la loi sur les explosifs, il est condamné à deux ans de réclusion. L'affaire des explosifs de Pirmasens suscite un scandale considérable dans l'opinion publique allemande, car elle fait écho aux documents de Boxheim rédigés par Werner Best, révélés en , et qui semblent accréditer l'existence au sein du parti nazi d'un plan secret de conquête violente du pouvoir27. Durant son procès, Eicke protège la direction du parti en indiquant que la fabrication des explosifs relevait de sa propre initiative. Le lendemain du jugement, il obtient une dispense de peine temporaire, en simulant une maladie nerveuse28, et grâce à la protection du ministre de la Justice Franz Gürtnerd,1. Lors du procès, de nombreux éléments de l'enquête policière sont délaissés par le tribunal29.
Fuite en Italie
Depuis l'Italie, Eicke garde un contact fréquent avec les activités du NSDAP en Allemagne. Dans deux lettres du , il menace de recourir à des explosifs encore cachés, qui « ne sont pas tous pour les rouges, mais aussi pour les porcs dans nos propres rangs ». Il indique avoir « couvert une foule de lâches, auquel le courage de la responsabilité fait absolument défaut. Ces crapules sont toujours au premier rang, lorsqu'il s'agit de briguer des postes importants »31.
SS et camps de concentration
Articles détaillés : camps de concentration nazis et Liste des camps de concentration nazis.
Le 32, il est nommé par Himmler commandant du camp de concentration de Dachau33, ouvert depuis mars, où sont alors détenus deux mille prisonniers34. Il y met immédiatement en place les bases du système concentrationnaire nazi, notamment en ce qui concerne l'obéissance aveugle des gardiens aux ordres, et le système de surveillance, de discipline et de châtiment des détenus, dont « le but est de briser psychologiquement, moralement et physiquement les prisonniers35. » Avec « Papa Eicke », surnom qui lui est donné par les gardiens de camp36, on passe de la brutalité indisciplinée de la SA à la terreur planifiée de la SS. Ses résultats font forte impression sur Himmler qui le promeut SS-Brigadeführere le 37.
Eicke fait preuve d'un antisémitisme et d'un antibolchevisme radicaux. Il proclame « sa haine contre tout ce qui est non allemand et non national-socialiste38 ». Il impose aux gardiens une obéissance aveugle et inconditionnelle envers lui, en tant que commandant du camp, mais aussi envers la SS et le Führer.
Eicke est sollicité pour prêter main-forte à la nuit des Longs Couteaux, l'opération de purge qui se déroule du au au cours de laquelle le régime élimine ses principaux opposants ou concurrents internes, susceptibles de le mettre en danger : avec quelques gardiens du camp de concentration de Dachau triés sur le volet, il apporte son aide à Sepp Dietrich, commandant de l’unité « Leibstandarte SS Adolf Hitler », pour incarcérer les principaux dirigeants de la SA. À cette occasion, le , il prouve sa totale fidélité à Himmler et Hitler en participant directement à l'assassinat d'Ernst Röhm,39. Ce meurtre lui vaut d'être promu SS-Gruppenführerf, ce qui le place au second rang de la hiérarchie SS40.
En outre, l'ensemble de ces « qualités » impressionne Heinrich Himmler qui le nomme deux jours plus tard, le , inspecteur des camps de concentration et commandant des unités « Totenkopf » (Inspekteur des Konzentrationslager und Führer des SS Totenkopfverbände)41. Comme commandant des « Totenkopfverbände », il relève du bureau central de la SS, le SS-Hauptamt (de), et prend ses ordres directement auprès de Himmler42 ; en tant qu'inspecteur des camps, il dépend également de Himmler et, à partir de , de l’Amt D du VuWHA (le Verwaltung und Wirtschaft Hauptamt : le « service d'administration et d'économie de la SS ») dirigé par Oswald Pohl43.
La réorganisation réalisée par Eicke et l'utilisation des détenus comme travailleurs forcés font des camps de concentration l'un des outils les plus puissants de la SS.
« Quiconque fait de la politique, tient des discours ou des réunions de provocation, forme des clans, se rassemble avec d'autres dans le but d'inciter à la révolte, se livre à une nauséabonde propagande d'opposition ou autre sera pendu en vertu du droit révolutionnaire ; quiconque se sera livré à des voies de fait sur la personne d'un garde, aura refusé d'obéir ou se sera révolté sous quelque forme que ce soit, sera considéré comme mutin et fusillé sur-le-champ ou pendu »
— Extrait du règlement régissant la discipline et la répression des détenus, rédigé par Theodor Eicke36.
« Sans cesse endoctrinées par lui, les natures primitives et frustes [des gardiens] concevaient à l'égard des prisonniers une antipathie et une haine difficilement imaginables pour les gens du dehors46. »Dans tous les camps se mettent en place une violence et une cruauté contrôlées et disciplinées, un véritable système de terreur bien codifié qui se poursuivra après le départ de Eicke. Il aura notamment formé des commandants de camp comme Rudolf Hössg à Auschwitz, Franz Ziereis à Mauthausen et Karl Otto Koch à Sachsenhausen et Buchenwald.
« À cette époque, combien de fois n'ai-je pas dû me dominer pour faire preuve d'une implacable dureté ! Je pensais alors que ce qu'on continuait à exiger de moi dépassait les forces humaines ; or, Eicke continuait ses exhortations pour nous inciter à une dureté encore plus grande. Un SS doit être capable, nous disait-il, d'anéantir même ses parents les plus proches s'ils se rebellent contre l'État ou contre les conceptions d'Adolf Hitler »Eicke semble toutefois apprécié par ses troupes, ce qui explique vraisemblablement son surnom de « Papa Eicke36 ». D'après Wolfgang Sofsky, il met systématiquement en place une politique de copinage, à l'opposé des traditions militaires qu'il déteste : ainsi, Eicke demande à ses hommes de se tutoyer, fusionne les mess des sous-officiers et des officiers, protège ses hommes, même en cas d'entorses aux règles, sauf s'ils manifestent un sentiment de pitié envers les détenus, et, lors de ses fréquentes tournées d'inspection, il cherche le contact avec les hommes du rang en l'absence de leurs supérieurs48. En outre, lorsque des gardiens abattent un détenu sous le faux prétexte d'une tentative de fuite, il demande qu'on évite de leur faire subir un interrogatoire, pour ne pas les inquiéter49.
La division « Totenkopf »
Article détaillé : Waffen-SS.
À partir de ce moment, Eicke entame une nouvelle carrière et n'a plus de responsabilités dans l'organisation et le fonctionnement des camps de concentration. Richard Glücks lui succède en tant qu'inspecteur des camps, sous l'autorité d'Oswald Pohl.
L'homme change de fonction, mais ses convictions restent les mêmes. Anti-catholique convaincu, il arrive, en 1940, à convaincre une compagnie entière de sa division de renoncer à la religion chrétienne, en le faisant acter par un tribunal administratif38. Il veille scrupuleusement au respect des drastiques critères de recrutement de la Waffen-SS, n'hésitant pas à renvoyer des candidats pourtant acceptés mais qu'il juge personnellement non conformes aux normes physiques, raciales ou morales de la SS51 et rechigne à voir ses officiers quitter la division « Totenkopf » pour renforcer d'autres unités52.
Au cours de la guerre, Eicke et sa division se distinguent par leur brutalité et le nombre de leurs crimes de guerre.
Lors de la campagne de Pologne, trois régiments des unités de la « Totenkopf » (« Oberbayern », « Brandenburg » et « Thüringen ») suivent les troupes allemandes pour « appréhender les réfugiés récemment arrivés dans le pays et traquer les éléments hostiles au régime, parmi lesquels les francs-maçons, les Juifs, les communistes, l'intelligentsia, le clergé et l'aristocratie »53. La brutalité des unités de la « Totenkopf », et le nombre des assassinats qu'elles commettent, font l'objet de vives critiques du Generalobersth Blaskowitz de l'armée de terre : « Les sentiments de la troupe envers la SS et la police oscillent entre la répulsion et la haine. Tous les soldats sont pris de dégoût et de répugnance devant les crimes commis en Pologne »54.
Sur une courte durée, du au , dès l’arrivée des troupes allemandes à Cracovie, il fait également office de Höhere SS- und Polizeiführer Ost (HSSFf Ost : « chef de la SS et de la Police pour la région Est »). Friedrich-Wilhelm Krüger lui succède aussitôt.
Pendant la campagne de France, la division « Totenkopf » commet le massacre du Paradis le , durant lequel elle assassine une centaine de prisonniers britanniques en France, sous les ordres de l’Obersturmführeri Fritz Knöchlein, condamné à mort et exécuté pour crimes de guerre55 en 1949 ; elle est également responsable de l'exécution sommaire de troupes sénégalaises et marocaines qui essayaient de se rendre56.
En , en Finlande, deux régiments de la division s'enfuient devant une contre-offensive des troupes de l'Armée rouge, s'attirant de sévères jugements d'officiers de la Wehrmacht59.
Sous le commandement de Eicke, puis également après sa mort, la division « Totenkopf » fait preuve d'un fanatisme inégalé et de férocité lors de l'avancée en 1941, de l'offensive de l'été 1942, de la conquête de Kharkov60, de la bataille de la poche de Demiansk, et lors de la défense de Varsovie puis de Budapest début 1945. Elle fait preuve de remarquables aptitudes au combat défensif contre l'Armée rouge61. Mais elle se rend aussi coupable de l'assassinat de prisonniers et de civils en Union soviétique, de la destruction et du pillage de nombreux villages russes60. Eicke fait en outre régner une discipline de fer et parfois expéditive, attestée lors de l'exécution d'un soldat incitant à la mutinerie avant que soit confirmé le verdict par la Reichsfürhungs-SS, entraînant immédiatement sa déchéance de la fonction de juge de sa division62.
La propagande nazie dresse de Theodor Eicke un portrait de héros. Peu après sa mort, un des régiments de la division « Totenkopf » est baptisé « Theodor Eicke », nom qu'il arbore sur la manchette, « privilège rare et hiérarchisé63 ». Sa réputation militaire reste cependant controversée.
Pour Charles Sydnor « La caractéristique la plus constante, dans la façon dont il abordait les problèmes de commandement sur le terrain, était son fanatisme, qui l'emportait sur le pragmatisme et la logique dans les questions relatives à l'instruction, à la discipline, à la logistique et à la tactique. Eicke considérait l'extermination de l'ennemi comme l'objectif principal de la guerre et avait le sentiment que la détermination fanatique et l'absence totale de pitié, que ce soit dans l'attaque ou la défensive, étaient les clés du succès tactique65. » Jean-Luc Leleu insiste quant à lui sur l'attention apportée par Eicke à la formation de ses hommes sur une base empirique et pragmatique, particulièrement pour mieux les préparer aux dures conditions du front de l'Est66. Heinz Höne souligne la différence entre « l'esprit des formations tête de mort de « Papa Eicke »67 » et celui des autres unités de la Waffen-SS.
Notes et références
Notes
Références
(en)/(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Theodor Eicke » (voir la liste des auteurs) et en allemand « Theodor Eicke » (voir la liste des auteurs).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire